Quand j’étais étudiant en médecine, il était courant pour les médecins de retarder la divulgation du diagnostic de sclérose en plaques (SEP), dans l’intérêt du patient. À l’époque, il n’y avait encore aucun traitement efficace. Les neurologues pouvaient traiter les symptômes mais restaient incapables de stopper l’impact progressif de la maladie sur le système nerveux central. Ce n’est qu’après les années 1990 que la première vague de traitements fut disponible.

Bien que statistiquement non négligeable, l’impact de ces thérapies était cependant modeste sur le plan clinique. Ainsi, nos discussions avec les patients se portaient sur notre capacité à réduire le nombre de rechutes de la maladie, description euphémiste, synonyme de ralentir l’inévitable dégradation neurologique.

Heureusement, la recherche sur la sclérose en plaques a permis l’avènement de thérapies plus efficaces. L’apparition du Tysabri, Cladribine et Campath a contribué à l’amélioration du pronostic des patients. Bien que ces traitements aient de sérieux effets indésirables, ils ont néanmoins réussi à susciter un élan d’optimisme. Alors qu’autrefois nos discussions se concentraient sur notre capacité à ralentir la progression de la maladie, il est dorénavant courant d’observer une absence de l’activité de la maladie chez nos patients.

L’avènement des prochains progrès médicaux dans le traitement de la SEP sera sans doute accompagné d’une évolution du vocabulaire médecin – patient. Des études portant sur deux nouveaux traitements vont débuter cette année. Chacune de ces études va mettre à l’épreuve de nouvelles molécules dans l’espoir d’observer un taux de remyélinisation significatif. Et les nouveaux termes employés dans le jargon de la SEP vont alors graviter autour d’un tout nouveau concept : réparation. Des résultats positifs permettront de lancer d’autres études dans le but de confirmer et mieux comprendre l’action de ces nouveaux médicaments. Et avec un peu de chance, la mesure de l’activité de la maladie sera remplacé par celle du recouvrement des fonctions neurologiques.

Dr. François Jacques
Directeur de la Clinique de sclérose en plaques
Clinique Neuro-Outaouais
Gatineau, Québec

Share It / Partagez :
Tweet about this on TwitterShare on FacebookShare on Google+Pin on PinterestShare on LinkedIn

2 Commentaires

  1. Karine Fournier
    26 novembre, 2014

    Merci au neurologue en question pour cette mise à jour …ça fait toujours du bien d’ avoir des nouvelles positives! Espoir:)

    Répondre
    • Véronique Blais
      23 janvier, 2015

      Je seconde ton commentaire Karine !

      Répondre

Répondre à Karine Fournier

Cancel Reply