Le traitement par immunoglobuline intraveineuse (IVIG) est généralement considéré comme une option sécuritaire pour certaines maladies neurologiques. Cela dit, il comporte aussi des risques et n’est pas toujours la solution la plus efficace selon la situation. Les effets secondaires légers liés à la perfusion sont fréquents et touchent de 5 à 20 % des patients pendant ou immédiatement après le traitement. Ils sont habituellement de courte durée. Toutefois, l’IVIG peut aussi entraîner des effets indésirables plus sérieux chez certains patients, notamment des événements thromboemboliques.
L’IVIG peut augmenter la viscosité du sang et a été associé à un risque accru de caillots, incluant la thrombose veineuse profonde, les accidents vasculaires cérébraux et l’infarctus du myocarde. Le risque est particulièrement pertinent chez les personnes plus âgées ou ayant déjà des facteurs de risque cardiovasculaire. Ces événements sont documentés même à des doses standards. Les patients présentant des facteurs de risque comme l’âge avancé, un état d’hypercoagulabilité, le diabète ou une immobilisation prolongée doivent être surveillés attentivement pendant et après la perfusion. Un autre risque important est l’insuffisance rénale aiguë, régulièrement décrite dans les études cliniques (Justiz-Vaillant et coll., 2023).
L’IVIG joue un rôle clé dans le traitement de plusieurs troubles neurologiques, dont la polyradiculoneuropathie démyélinisante inflammatoire chronique (CIDP), la neuropathie motrice multifocale (MMN) et la myasthénie grave (MG). Malgré son efficacité, l’utilisation prolongée de l’IVIG nécessite une réflexion prudente, surtout chez les personnes ayant des conditions médicales sous-jacentes.
Comme clinique spécialisée en neurologie, nous savons que de nombreux patients dépendent de l’IVIG pour stabiliser une maladie neurologique chronique. Ils souhaitent souvent comprendre quels types de complications peuvent survenir, à quelle fréquence elles apparaissent et ce qui peut les réduire. Cet aperçu rassemble les données actuelles pour aider les patients et leurs proches à mieux s’y retrouver.
Quelles sont les complications les plus fréquentes?
Effets indésirables courants de l’IVIG
La plupart des gens ressentent des effets secondaires mineurs pendant ou après une perfusion d’immunoglobuline. On observe souvent de la fatigue, une légère fièvre, des bouffées de chaleur, des nausées ou un mal de tête persistant qui peut s’aggraver si la perfusion est trop rapide ou si la personne est déshydratée. Ces symptômes disparaissent habituellement avec du repos, une bonne hydratation et des analgésiques simples. Bien qu’incommodants, ils interrompent rarement le traitement.
Les risques d’effets indésirables graves demeurent faibles, mais ils deviennent plus pertinents lorsque l’IVIG est administrée sur une longue période, chez les personnes ayant plusieurs comorbidités ou lorsque les perfusions sont données trop rapidement.
Complications thromboemboliques
L’IVIG peut augmenter la viscosité du sérum, surtout chez les personnes plus âgées, celles ayant des maladies vasculaires ou lorsque des doses élevées sont données en peu de temps. Des études menées auprès de patients atteints de maladies neurologiques ont rapporté des cas d’embolie pulmonaire, d’infarctus du myocarde et de thrombose veineuse profonde. Une grande étude observationnelle menée chez des patients souffrant de neuropathies inflammatoires recevant de l’IVIG en traitement d’entretien a relevé des événements thromboemboliques cliniquement significatifs au fil du temps (Kapoor et coll., 2020).
Atteinte rénale
Bien que rare, l’insuffisance rénale aiguë peut survenir chez les patients ayant déjà une fragilité rénale, comme les personnes âgées, les patients atteints de diabète ou ceux qui prennent des médicaments néphrotoxiques. L’atteinte rénale peut se développer en quelques heures ou quelques jours après la perfusion, surtout avec certaines formulations plus anciennes. Les produits plus récents ont réduit ce risque, mais il reste présent.
Réactions liées à la perfusion et effets retardés
Ces réactions peuvent inclure une méningite aseptique, des maux de tête intenses ou certains symptômes neurologiques qui apparaissent un ou deux jours après la perfusion. Bien que rares, des cas de détresse respiratoire aiguë, d’hémolyse et d’hypotension ont été décrits dans la littérature.
Effets à long terme de l’IVIG
À long terme, certains patients peuvent présenter des épisodes répétés de malaise après les perfusions, de la rétention hydrique ou des variations de la pression artérielle. Les veines périphériques accessibles pour l’administration intraveineuse peuvent devenir de plus en plus rares, nécessitant parfois l’installation d’un port-a-cath.
Pour plusieurs personnes atteintes de maladies neurologiques chroniques, l’IVIG devient un traitement régulier, mais il doit être réévalué périodiquement.
Options d’essais cliniques pour les patients atteints de MG
Certaines personnes vivant avec la myasthénie grave finissent par constater que l’IVIG à long terme devient plus difficile à maintenir ou moins efficace qu’auparavant. Dans ces cas, il peut être pertinent d’examiner des traitements ciblés plus récents, dont certains sont actuellement étudiés. À la clinique Neuro Outaouais, nous participons à un essai clinique évaluant l’Efgartigimod (Vivgart) chez les patients atteints de myasthénie grave généralisée avec anticorps anti-AChR. L’étude compare l’Efgartigimod à l’IVIG afin de mieux comprendre les différences en matière de contrôle des symptômes, de durée de l’effet et de sécurité à long terme.
Pour plus de détails, consultez notre page consacrée à la recherche sur la myasthénie grave. Si vous vivez avec la MG et souhaitez savoir si cette étude ou d’autres options émergentes pourraient vous convenir, nous vous invitons à communiquer avec notre équipe.
Références
- Justiz-Vaillant, A., et al. (2023). A review of immunoglobulin therapy. MDPI Immunology. https://www.mdpi.com/2673-5601/5/2/18
- Dalakas, M. (1996). High-dose intravenous immune globulin and serum viscosity. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8797463/
- Menon, D., et al. (2017). Practical aspects of transitioning from intravenous to subcutaneous immunoglobulin therapy in neuromuscular disorders. Canadian Journal of Neurological Sciences. https://www.cambridge.org/core/journals/canadian-journal-of-neurological-sciences/article/practical-aspects-of-transitioning-from-intravenous-to-subcutaneous-immunoglobulin-therapy-in-neuromuscular-disorders/BFA719E405067057335B862F69CCB968
- Keh, R., et al. (2020). Maintenance IVIG: Long-term monitoring. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022510X20305050
- Guo, Y., et al. (2018). Adverse Effects of Immunoglobulin Therapy. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6008653/
- Patwa, H., et al. (2023). IVIG safety and efficacy in neurologic disease. https://jnnp.bmj.com/content/93/8/876
- Kapoor, M., et al. (2020). Risk of thromboembolic events in patients receiving IVIG. https://www.neurology.org/doi/10.1212/WNL.0000000000008742
- Perez, E., et al. (2017). Delayed IVIG reactions: Clinical features. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28520084/